On évalue à plus de 30 000 les avortements pratiqués chaque année au Québec et à plus de 100 000 au Canada . Or sur cette douloureuse question, une conspiration de silence règne. En effet, on tait les conséquences néfastes de cette pratique pour les mamans. Il est temps de faire la vérité là-dessus.
Jean-Robert Gauthier
De nos jours, on présente volontiers l’avortement comme une intervention médicale anodine, voire une forme alternative de contraception. Ce que l’on ne dit pas c’est que l’avortement entraine des conséquences dramatiques pour les mamans. L’interruption volontaire de grossesse est un facteur de risque important de cancer du sein et de stérilité (voir www.droitdesavoir.org).
L’avortement entraîne chez beaucoup de femmes des séquelles psychologiques à la fois profondes et persistantes. Tout de suite après, certaines ressentent un état de deuil lancinant dont elles n’arrivent pas à se débarasser. Pour d’autres, ce sentiment profond de détresse et de remords les rattrapera des années plus tard, anéantissant leur paix et leur joie. Ce phénomène affligeant s’appelle syndrome post avortement. Les femmes qui subissent un avortement sont de plus en plus nombreuses à chercher auprès de leur médecin, leur pasteur ou un membre de leur famille réconfort et soulagement. La plupart de ceux-ci, pris au dépourvu, ne savent pas trop quoi dire ni quoi faire.
Devant cette vive détresse, un prêtre américain, le père John J. Dillon, a écrit un livre pour aider les personnes appelées à accompagner les femmes ( et les hommes aussi) que l’avortement a blessés.
L’évêque émérite d’Amos, Mgr Gérard Drainville et le Petit frère John Cannon, en découvrant cet ouvrage, ont cru bon de le faire traduire en français. Intitulé Guérir des blessures de l’avortement*, ce livre est admirable à plusieurs égards.
Tout d’abord, sans jamais minimiser la gravité de l’acte commis, le père Dillon manifeste envers les mamans et les papas d’enfants avortés la miséricorde parfaite que l’Évangile inspire.
Le premier chapitre décrit, avec beaucoup de franchise, la vie après un avortement. Après avoir exploré, au deuxième chapitre, les symptômes du syndrome post-avortement, l’auteur propose une démarche de guérison et de réconciliation avec soi, remplie de cette vérité qui rend libre et de compassion chrétienne.
En l’adaptant, cette lumineuse approche de guérison intérieure pourrait parfaitement convenir aussi à d’autres péchés dont les séquelles peuvent continuer à miner notre santé psychologique et spirituelle.
Les annexes sont très précieuses. La méditation sous forme de lettres écrites à Dieu, à l’enfant avorté et à soi-même sont particulièrement touchantes. Des journées après les avoir lues, j’en suis encore ému. La deuxième annexe, qui propose une démarche de prière à faire en présence de parents en deuil de leur enfant, sera vraiment utile pour ceux et celles appellés à intercéder en vue d’une guérison spirituelle. Les traducteurs l’ont adapté au contexte canadien en proposant un choix de prières tirées d’un recueil publié par la Conférence des évêques catholiques du Canada.
Le troisième annexe présente les groupes Rachel, qui offrent un ministère de réconciliation aux personnes souffrant du syndrome post-avortement. Les annexes 4, 5 et 6 sont des ajouts à l’édition de langue française. Elles proposent une belle démarche de guérison intérieure ainsi que deux articles sur l’avortement parus dans l’Église canadienne, l’un signé par Mgr Bertrand Blanchet, évêque de Rimouski et l’autre par Mgr Drainville. J’admire toujours le sens pratique des Américains. Les traducteurs s’en sont inspiré en proposant quelques adresses utiles au Canada. La préface à l’édition française que le docteur Marie Jetté Grenier a signée et la postface du docteur Joseph Ayoub ajoutent beaucoup à la crédibilité de ce livre.
A ceux et celles que l’avortement a blessés, ce livre offrira un réconfort et un véritable chemin d’espérance.
* John J. Dillon. Guérir des blessures de l’avortement, Montréal., Médiaspaul, 2007, 119 pages, 19,95$. Ce livre sera disponible au bureau d’Action pour la vie.
A paru dans le Nouvel Informateur Catholique, 15 avril 2007. Repris avec permission de l’auteur.